Notre ennemi, c’est le changement climatique !

Notre ennemi, c’est le changement climatique…

…et le changement climatique, c’est maintenant !

Réduction de 30 % des émissions de GES en 2030 : est-ce suffisant ?

Les déclarations récentes du président Obama montrent à quel point il sera difficile aux Etats-Unis d’Amérique d’amorcer une trajectoire de réduction rapide des Gaz à Effet de Serre (GES). En effet, non seulement les conditions politique ne sont pas encore réunies pour prendre sereinement cette décision de réduction de 30% dès 2030 et l’appliquer dans un pays dont la puissance économique dépend directement des énergies fossiles, mais les études du GIEC [1] et de SLC [2] démontrent que cet objectif, partagé avec la Chine, de réduction des émissions de GES de 30 % en 2030 est nettement insuffisant par rapport à ceux affichés par le G7 et inspirés de ceux de la France et de l’Union Européenne, dans la perspective de la COP21 [3], à savoir limiter le réchauffement climatique à une température moyenne de 2°C.

Sans conjugaison de mesures pragmatiques et réalistes, les engagements de réduction rapide des émissions n’ont aucune chance d’être tenus : les conséquences seront un changement climatique catastrophique [4], ce qui risque de nous conduire à adopter des mesures bien plus radicales, dont :

– une fiscalité écologique punitive, à savoir une taxe carbone mondiale, ou bien une taxe carbone par zone d’échange économique, dès que les dommages économiques seront avérés, ce qui risque de privilégier une logique de division, en plus d’être brutal et inéquitable envers les économies les plus fragiles ; une manière intelligente de créer cette taxe serait de la substituer aux impôts sur les revenus et aux taxes sur la valeur ajoutée: il faut taxer la pollution, pas les fruits du travail.

– une justice climatique radicale , lorsqu’il sera établi, mais il est malheureusement déjà possible de le constater, que l’absence de volonté politique suffisante pour réduire rapidement les émissions de GES n’est pas seulement une faiblesse collective, mais aussi la conséquence d’actions de certains acteurs politiques et économiques, qui seront qualifiées de criminelles dès qu’auront été établies la responsabilité et le choix délibéré d’ignorer les avertissements de la communauté scientifique. Ces acteurs ne se rendent peut-être pas compte que souhaiter ou prendre le risque d’un échec de la COP21, ou même d’un accord a minima, enclenchera automatiquement et immédiatement, dès 2016, une radicalisation des positions des deux camps, matérialisant ainsi une fracture profonde qui se dessine dans la société mondiale entre d’une part, les acteurs de la lutte contre le changement climatique, et d’autre part, différents mouvements de réaction ou de déni face à cette révolution, alors qu’il faudrait au contraire que l’humanité s’unisse face à cet ennemi.

Cet ennemi, nous le connaissons, nous l’avons créé : il n’a pas de visage, pas de nom, pas de parti. Souvent invisible, il agit au grand jour : il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne !

Notre ennemi, c’est le changement climatique.

Si nous n’obtenons pas sa tête à la COP21, c’est lui qui dominera le monde. En 10 ans, le changement climatique va prendre le contrôle de nos vies. En une fraction de seconde, il sera capable de déplacer des sommes astronomiques, de faire tomber des banques, des régions entières, voire des pays entiers. En 2030, il aura gagné la partie. Il sera trop tard : les COP se seront succédées sans résultats tangibles. Des dizaines de réunions de la dernière chance n’auront jamais rien donné. Le changement climatique ne suit aucune règle, aucune morale, aucun contrôle. Il n’a aucun objectif, mais une trajectoire : la raréfaction des ressources, la réduction des terres habitables et des espaces naturels, l’extinction massive des espèces et, si nous sommes faibles, la disparition rapide d’une grande partie de l’humanité. Face à cette violence aveugle, l’humanité dispose de plusieurs armes : volonté, intelligence, solidarité.

Nous voyons désormais que de grandes migrations telles qu’en a connues le monde occidental à la chute de l’Empire Romain sont toujours possibles. Les migrations actuelle, constituées essentiellement de réfugiés de guerre, ne sont rien comparées aux migrations climatiques de millions de réfugiés climatiques qui sont envisagées dès 2030.

Mais un nouvel espoir est possible.

Il est temps de déclarer au niveau mondial l’état d’urgence climatique et d’encourager les dirigeants à prendre et faire respecter, en plus des engagements nationaux de réduction de GES, des mesures concrètes de réduction rapide de l’utilisation des énergies fossiles.

Afin de contourner la difficulté actuelle pour engager tous les pays vers une réduction des émissions globales de GES suffisante pour éviter un réchauffement climatique catastrophique de plus de 2°C, nous rappelons ses propositions concrètes et pratiques [5].

1. Toute centrale électrique nouvelle utilisant des combustibles devra totalement compenser ses émissions.

2. Tout véhicule neuf devra émettre moins de 20g de CO2/km/passager, ou une norme équivalente pour les transports de marchandises.

3. Les impôts sur les revenus et la valeur ajoutée seront progressivement modifiés d’ici 2025 pour taxer in fine la pollution, c’est-à-dire la quantité de GES émise dans l’atmosphère.

4. L’ensemble des politiques publiques et des moyens publics sera mobilisé dans un effort historique pour l’atteinte de ces objectifs.

Ces mesures devront être appliquées, au plus tard, dès 2020, dans tous les pays, et 2017 dans les pays développés (OCDE + BRIC). Sans cela, le budget carbone ne sera pas respecté et nous serons contraints d’utiliser la voie juridique au lieu de la politique.

En France, cela implique une modification de la loi LTECV (Loi sur la transition énergétique et la croissance verte) [6], pour créer plus d’emplois comme démontré dans le scénario RESSEC 2050. A la COP21, cela implique une action concertée de nombreuses ONG, mais aussi des partis et des personnalités politique, ainsi que l’engagement de nombreux volontaires pour renforcer les associations et partis prêts à s’engager.

Pour soutenir ces propositions et vous engager pour le climat, signez l’engagement sur : http://www.theclimatemobilization.org/international-pledge

Pour vous informer, venez assister à la conférence publique le 24 septembre à Paris sur le thème:

URGENCE CLIMATIQUE: quels objectifs pour la COP21 ?

URL : http://www.apc-paris.com/evenement/universite-dete-sauvons-climat

Pour adhérer au RESSEC : écrivez-nous à psressec@yahoo.fr !

NB : pour nous rencontrer à Paris lors de la COP21, nous organiserons un évènement début décembre… à suivre !

Notes et références:

[1] Budget carbone, voir page 33 de la présentation de J.P. Van Ypersele, vice-président du GIEC : http://www.climate.be/users/vanyp/presentations/2015-5-4_jpvy_rabat_groupe_dexperts_messages-cles_du_giec_synthese.pdf

[2] De la difficulté de définir des mesures cohérentes avec les objectifs affichés : http://sauvonsleclimat.org/g7-et-limitation-rechauffement-2-degres/35-fparticles/1803-g7-et-limitation-rechauffement-2-degres.html

[3] Tenant compte des prévisions du GIEC en matière de budget carbone (nécesité de limiter les émissions globales cumulées de GES à 1000 GtCO2 de 2015 à 2100, la Commission Européenne a fixé un objectif de réduction des émissions de GES de l’Union Européenne à 40% en 2030. Sauvons Le Climat rappelle et soutient la proposition de la France, faite en 2013 par la voix du Ministre des Affaires Etrangères M. Laurent Fabius, de replacer cet objectif dans une perspective à long terme de 60% en 2040 et 80% en 2050 (en termes de réduction des émissions de CO2 par rapport à la référence 1990), afin de rendre possible l’atteinte d’un facteur 4 sur la réduction des émissions de GES en 2050. Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/climat/actualites-liees-au-dereglement-climatique/actualites-2013-liees-au/article/entretiens-de-laurent-fabius-et-107169

Cela répond au passage à certaines critiques sur l’utilité de l’exemplarité de la France et de l’UE en matière de réduction des émissions de GES. Sans exemplarité, nous ne serions pas en position d’encourager nos alliés à faire plus d’efforts. Certes, ce n’est pas une condition suffisante, mais elle est nécessaire pour peser dans les négociations internationales.

[4] Extrait d’un article de Jim Hansen: « Even if the Anthropocene began millennia ago, a fundamentally different phase, a Hyper-Anthropocene, was initiated by explosive 20th century growth of fossil fuel use. Human-made climate forcings now overwhelm natural forcings. CO2 at 400 ppm in 2015, is off the scale in Fig. 24c. CO2 climate forcing is a reasonable approximation of the net human forcing, because forcing by other GHGs tends to offset negative human forcings, mainly aerosols (IPCC, 2013).
Most of the forcing growth occurred in the past several decades, and two-thirds of the 0.9°C global warming (since 1850) has occurred since 1975 (update of Hansen et al., 2010, available at
http://www.columbia.edu/~mhs119/Temperature/ ). Our analysis paints a different picture than IPCC (2013) for how this Hyper-Anthropocene phase is likely to proceed if GHG emissions grow at a rate that continues to pump energy at a high rate into the ocean. We conclude that multi-meter sea level rise would become practically unavoidable. Social disruption and economic consequences of such large sea level rise could be devastating. It is not difficult to imagine that conflicts arising from forced migrations and economic collapse might make the planet ungovernable, threatening the fabric of civilization. This image of our planet with accelerating meltwater includes growing climate chaos and storminess, as meltwater causes cooling around Antarctica and in the North Atlantic while the tropics and subtropics continue to warm.
Rising seas and more powerful storms together are especially hreatening, providing strong incentive to phase down CO2 emissions rapidly. »

Article complet: http://www.columbia.edu/~jeh1/2015/20150704_IceMelt.pdf

[5] Propositions de SLC: http://sauvonsleclimat.org/co21-propositions-slc

[6] Deux dispositions de la loi LTECV rendent possible de conforter la position prééminente de la France dans la réduction des émissions de GES

  1. La réduction de 40% des émissions de GES en 2030

  2. La réduction de la consommation d’énergies fossiles de 30% entre 2012 et 2030.

Les actions qui en résultent, centrées sur les transports et le bâtiment, devraient être considérées comme une priorité nationale. La réussite de ces actions réduirait le déficit de notre balance commerciale tout en améliorant notre indépendance énergétique. Le scénario RESSEC 2050 montre comment amplifier cet effort pour atteindre 60% de réduction en 2040 et 80% en 2050, grâce à un facteur 10 atteint sur la production d’énérgie décarbonée et l’efficacité énergétique.

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