La transition énergétique n’est ni de droite ni de gauche

Voici quelques réflexions partagées au sein du Ressec, mais aussi  avec des militants politiques de tout bord, au sein de plusieurs  clubs de réflexion plus ou moins apolitiques:

– la transition énergétique n’est ni de droite ni de gauche, on peut toujours la colorer en vert ou en rose, mais attention à ne pas obtenir l’effet inverse !

– en clair : certains choix des Verts (EELV ayant explosé, ce que ne feront jamais les réacteurs de Fessenheim ou de Nogent !, reprenons le doux nom du mouvement historique pour désigner la nébuleuse écologiste) , mais aussi du PG , imposés finalement au PS et au gouvernement via des « experts » auto-proclamés n’ayant pourtant aucune expérience industrielle ni économique (au sens de direction opérationnelle d’un centre de profit privé ou d’une entreprise industrielle), sont en passe de faire échouer la France en copiant avec dix ans de retard les recettes qui ont échoué en Allemagne, le plus gros émetteur de CO2 d’Europe ( 10 tonnes/hab/an au lieu de 5 en France);

– certaines dispositions de la LTECV entraînent à court terme un doublement des tarifs de l’électricité et constituent un frein à la substitution des énergies fossiles par l’électricité décarbonée (à 96% en 2015 et 98% en 2016). Cette incapacité à établir une priorité ente les 12 objectifs de la loi, outre qu’elle dénote une incapacité à organiser les concepts et à éclairer l’avenir, aboutit à des mesures contradictoires faisant exploser la facture publique et menaçant l’atteinte des objectifs, alors que la France a organisé la COP21 et obtenu de haute lutte l’accord de Paris sur le changement climatique. 

– d’un point de vue politique, cette incapacité à capitaliser sur les succès politiques (accord de Paris et COP21) et techniques (la France est le plus grand pays dont l’électricité est décarbonée et les transports autant en capacité d’être électrifiés écologiquement), pour « faire plaisir à tout le monde », en dit long sur l’état d’esprit de nos dirigeants.  L’entrée en campagne aidera-t-elle  à remettre de l’ordre dans la stratégie présidentielle ou bien allons-nous subir une énorme et grotesque course à l’échalote ?

Voici quelques éléments de réflexion pour les prochains programmes présidentiels : 

– en France, l’électricité est dé-carbonée à 96% (6% éolien/solaire + 15% hydraulique + 75% nucléaire), elle n’est donc pas responsable de nos émissions de CO2

– plus de 90% de nos 370 millions de tonnes de CO2 (2014) ne proviennent pas de l’électricitéLe nucléaire, l’éolien et le solaire ne sont donc pas le sujet principal pour respecter nos engagements de la COP21. La loi de transition énergétique pour une croissance verte de 2015, focalisée sur l’électricité et sur le nucléaire, se trompe de cible.

– contrairement à la plupart des pays développés où la production d’électricité est fortement carboné, Chine, USA et Allemagne en tête , en France, les vraies sources de CO2, sont principalement le transport et le chauffage non-électrique.

Nous ne pouvons donc pas utiliser les solutions prioritaires ailleurs, car la France est en avance dans la réduction des émissions de GES.

 
– transports: développons les véhicules électriques et hybrides rechargeables. C’est un des points forts de la LTECV, mais elle ne va pas assez loin.

Clin d’œil: l’électrification en véhicules électriques de tout le parc automobile d’Ile de France (100 millions de km parcourus chaque jour) pourrait être alimentée toute l’année par un seul des 2 réacteurs de Fessenheim (6 TWh/an)!

– chauffageactivons le critère de CO2 dans  la RT2102 (règlementation thermique du bâtiment). Il suffit de rendre PAR DÉCRET MINISTÉRIEL sa valeur initiale au coefficient du CO2 dans la formule de la consommation énergétique de la RT2012 que l’ADEME a fait annuler par pure idéologie antinucléaire, ce qui favorise à contre courant le chauffage au gaz dans (i) un pays qui n’a pas de gaz, (ii) dont l’électricité est dé-carbonée et (iii) à une époque où le monde entier s’efforce de diminuer les consommations de fossiles émetteurs de CO2!

– à noter que l’ADEME a réussi un 2ème « exploit »: celui de financer avec l’argent des contribuables l’étude « électricité 2050: 100% renouvelable » sans même étudier l’autre cas d’école, tout aussi ridicule, mais bien plus réaliste « 100% nucléaire »!

Heureusement, des états comme l’Ontario ont une approche bien plus pragmatique, ce qui leur a permis de définir le mix électrique optimal et de fermer leurs centrales à charbon. Références disponibles sur demande si les détails techniques vous intéressent.

– la solution passe idéalement par une taxation européenne du carbone, avec un prix plancher: le système européen d’échange de quotas carbone est un échec, le marché électrique européen s’est dégradé en seulement 5 ans et est aussi un échec (pour tous les acteurs: prix à la hausse pour le consommateur; effondrement des prix de gros de l’électricité et quasi faillite de EDF, EON, RWE, Vattenfal, Engie …  florissants il n’y a pas si longtemps).

– Il faut remplacer le système des quotas (permis à polluer) par une taxe (sur le principe « pollueur-payeur ») dont le produit devra à terme financer non pas les moyens de production dé-carbonés (éolien, solaire, nucléaire) qui doivent devenir la norme, ni les émissions de CO2 évitées (comme capture et séquestration du CO2 à la source) mais bien les initiatives de séquestration du carbone qui est déjà dans l’atmosphère (reboisement massif, construction bois, biomasse de 2ème génération, carbonatation, …).

L’enjeu est donc désormais de reconstruire un système énergétique européen cohérent, combinant incitation à réduire les gaz à effet de serre et réduction des subventions aux renouvelables qui ont désorganisé tout le marché européen de l’électricité …. avant que ne soit adopté un jour un plan carbone mondial

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