Lors de discussion avec des individus ou des organisations concernés par le changement climatique, nous abordons souvent le sujet de l’objectif pour la prochaine conférence sur le Climat à Paris en 2015, dite COP21.
Rappel: la COP 21 est la 21ème COP, COP signifiant Conference Of the Parties de l’UNFCCC (United Nations Framework Convention on Climate Change, http://newsroom.unfccc.int/ ).
Traduction française: Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 2015, du 30 novembre au 11 décembre (COP21/CMP11), source: http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-enjeux-de-la-conference-de.html .
Or, l’on évoque un objectif de réduction des émissions, ce qui est certes vertueux, mais est-ce bien suffisant ?
En réalité, plus nous émettons de GES, plus la probabilité augmente d’accélérer et d’amplifier le réchauffement global, représenté par une température moyenne à la surface du globe (environ 15°C en 1990). Le problème est double:
1. il y a un budget d’émissions globales à ne pas dépasser pour avoir de bonnes chances de ne pas dépasser un certain degré de réchauffement global. Mais ce budget n’est jamais évoqué directement: on le masque derrière un pourcentage de réduction des émissions de GES par rapport à 1990, un nombre abstrait qui rend difficile la compréhension par le public et sème la confusion.
2. ce degré de réchauffement masque le fait que les conséquences continueront à s’amplifier longtemps après la stabilisation de la température globale, comme expliqué dans un article précédent: https://ressec.wordpress.com/2014/05/11/transgression-oceanique-2000-2500/
Le premier point mérite une explication complémentaire. Nous avons émis au cours des deux derniers siècles environ 600 milliards de tonnes de CO2 équivalent (soit GtCO2eq, l’unité d’un indicateur qui additionne les milliards de tonnes de CO2 émise plus celles des autres GES multipliées par le pouvoir de réchauffement global relatif au CO2). Nous continuons à émettre environ 40 GtCO2eq par an. Donc en 2025, si nous continuons au même niveau, nous aurons alors atteint un niveau d’émission de 1000 GtCO2eq. Or, cette valeur symbolique se situe justement dans l’intervalle critique (900-1500 GtCO2eq) au-delà duquel le réchauffement global dépassera probablement 2°C, avec les conséquences suivantes:
1. comme il est impossible d’arrêter d’émettre massivement du CO2 en dix ans, ce budget sera dépassé.
2. les scénarios d’émissions qui permettent de maintenir le réchauffement global au-dessous de 2°C prévient des émissions très faibles, voire négatives, avant la fin du XXIème siècle.
Il est alors permis de douter de la possibilité d’atteindre cet objectif de réchauffement global de 2°C. Il est aussi possible de tout mettre en œuvre pour l’atteindre, c’est-à-dire diminuer les émissions de CO2 dès 2015 afin de respecter le budget de 1000 GtCO2eq d’émissions globales.
Cela implique de diminuer rapidement les émissions annuelles globales de 40 à 10 GtCO2eq/an, avant 2025. C’est pourquoi la COP21 est véritablement la « réunion de la dernière chance » pour atteindre cet objectif.
références:
Cliquer pour accéder à CarbonBudget.pdf
Cliquer pour accéder à UNEPEmissionsGapReport2013.pdf
Cliquer pour accéder à copenhagen-accord-adding-up-mitigation-pledges.pdf
Le PNUE estime que le budget carbone global est de 990 milliards de tonnes de CO2 et qu’il faut tendre rapidement vers zéro émissions:
http://www.sortirdupetrole.com/societe/275-pnue-pour-limiter-le-rechauffement-a-2-c-il-faut-decarboner-jusqu-a-zero-emission